"Avant de connaître l'Armée du Salut, je vivais à la rue"

Publié le : 9 août 2022
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C’est avec ces mots que Morad commence à se raconter. Aujourd’hui cuisinier en insertion dans un de nos établissements, il a regravi toutes les marches et décroché cet emploi qui lui permettra de vivre à nouveau aux côtés de sa fille handicapée. 

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"Avant de connaître l'Armée du Salut, je vivais à la rue"
Nom, prénom témoignage
Morad
Détail sur la personne
Salarié en insertion dans la restauration, chantier d'insertion "Booth ta cuisine", Marseille
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« Je m’appelle Morad. Je viens d’Annemasse, près de la frontière suisse. J’avais une vie de famille et un travail.  

J’ai décroché un CAP de peintre en bâtiment. J’ai travaillé plus de 20 ans dans le milieu. Je vivais une vie paisible avec ma femme et ma fille. Mais les problèmes ont commencé quand mes relations avec mon épouse se sont détériorées. La vie de couple n’a pas tenu et ma femme m’a mis à la porte. La séparation et l’éloignement avec ma fille m’ont gravement fragilisé : j’ai été incarcéré jusqu’en 2017. A la « sortie sèche » de prison, c’est-à-dire sans accompagnement, j’ai décidé de reconstruire une nouvelle vie dans différentes villes de France comme Bordeaux, Limoges, Toulouse et finalement Marseille.  

Mais cela n’a pas été aussi facile : sans emploi et sans logement, sans soutien de ma famille, j’étais déboussolé. J’ai basculé dans l’extrême précarité. J’ai connu la vie à la rue à Marseille ; ici aussi l’hébergement d’urgence est saturé. 

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Apprendre pour travailler dans le milieu de la restauration

J’ai fini par demander de l’aide dans un accueil de jour Marseille. Une référente sociale m’a accompagné pour refaire mes documents administratifs, créer une adresse postale, trouver un hébergement et un emploi. Je n’ai jamais baissé les bras et cela a fini par payer !

La Résidence William Booth de la Fondation de l’Armée du Salut, à Marseille, m’a ouvert ses portes et j’ai commencé à travailler sur le dispositif appelé les « Premières heures » : ce dispositif propose un accompagnement à la reprise progressive d'une activité professionnelle. J'ai intégré le dispositif des premières heures avant d'avoir un logement, c'est une des particularités du dispositif, il est destiné également aux personnes sans-abris ou ayant connu des parcours d'errance. J’ai travaillé sans relâche dans la cuisine de la Résidence. Les premières heures sont la première marche vers le chantier, en commençant à 4 heures par semaine puis avec une augmentation progressive jusqu'à 20h/sem en fonction des capacités de la personne, pour in fine intégrer un chantier à 26h une fois qu'un logement a été sécurisé et que l'ensemble des droits de la personne sont ouverts et stables. Je voulais continuer à apprendre pour ensuite travailler dans le milieu de la restauration.

Mon encadrant du dispositif des « Premières heures » ainsi que la direction de la Résidence William Booth m’ont donné l’opportunité de travailler sur le chantier d’insertion « Booth ta cuisine ». Un chantier d’insertion qui aide les personnes au chômage à se former aux métiers de la restauration et trouver un emploi.

Les repas que nous conditionnions et distribuions étaient destinés aux personnes accompagnées par le Samusocial et les personnes hébergées en hôtel social, et des personnes vivant à la rue.

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L'Armée du Salut m’a donné le courage pour faire face aux problèmes de la vie

A partir de janvier 2022, sous la direction du chef cuisinier, tous les jours avec 11 autres salariés en insertion, nous avons préparé 250 repas pour une centaine de personnes qui vivent à la rue et pour les résidents de la Résidence William Booth ; j’ai appris à préparer une alimentation de qualité et à limiter le gaspillage alimentaire. 

Aujourd’hui ma formation est achevée et avec les compétences acquises j’ai pu décrocher un emploi à la Fondation Cognacq-Jay en Haute-Savoie qui accompagne et soigne les personnes âgées et les enfants souffrant d’un handicap mental. Je serai agent polyvalent en restauration à temps plein dans l’établissement. Ce nouvel emploi va me permettre de me rapprocher de ma fille qui est née avec un handicap mental. Avec mon premier salaire, je vais rechercher un logement et vivre à nouveau une vie paisible. 

Dans une autre vie, j’ai fait de la prison et j’ai dormi à la rue. Mais ça c’était avant. Avant que je connaisse l’Armée du Salut. Elle m’a donné le courage pour faire face aux problèmes de la vie et une motivation pour cheminer dans la bonne direction. » 

Propos recueillis par Mayore Lila Damji