« On peut être au sommet de l’échelle et se retrouver dans la boue », la descente aux enfers de Christian

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Cuisinier de métier, Christian s’est retrouvé à la rue en quelques minutes. Pendant un an, il a vécu à la rue. Aujourd'hui bénévole à l'Armée du Salut, il raconte cette journée de descente aux enfers.
 

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Cuisinier de métier, Christian s’est retrouvé à la rue en quelques minutes
Nom, prénom témoignage
Christian
Détail sur la personne
Bénévole à l'Armée du Salut
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« 12 septembre 2011. Je me suis vraiment retrouvé à la rue on frappa la porte de mon studio un huissier, une officière de police me demandant de quitter mon logement.

Ce jour-là, j’étais, comme depuis plusieurs semaines, j’étais dans ma bulle : je ne répondais pas aux courriers, je ne décrochais plus le téléphone… Je ne le savais pas mais j’étais en burn-out total”. Christian quitte son appartement et les quelques affaires qui s’y trouvent. J'étais tellement dans un état second que je ne me rendais pas compte de la réalité. J’ai juste pris un veston. J’ai tout laissé dans l'appartement. 

Le soir je suis allé chercher des cartons pour m’abriter 

Je me suis retrouvé dans le 14eme arrondissement de Paris. Abandonné. Alors ce jour-là, le soir je suis allé chercher des cartons pour m’abriter dans un espace où personne ne me retrouverait. Et le lendemain soir je me suis rendu à des distributions alimentaires. Manger était ma principale préoccupation. Ensuite des bénéficiaires que j’ai rencontrés aux distributions alimentaires m’ont donné une adresse d’un accueil de jour où je pouvais aller boire un café dans le plus strict anonymat et prendre une douche. Ma deuxième priorité était de rester propre.

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Jamais, jamais, je m’étais dit que j’irai manger, un jour, à l’Armée du Salut

Avant, j’habitais à cinq minutes de l’Armée du Salut à Paris et jamais, jamais, je m’étais dit que j’irai manger, un jour, à l’Armée du Salut. C’était étrange. Mais ce repas si chaleureux, servi par des bénévoles qui faisaient le maximum pour nous encadrer, a été une belle image. Une dame que je ne connaissais pas me dit : « Si vous avez un peu de temps libre, n'ayez pas peur, repassez nous voir. Et elle me glisse un billet de 5 € dans la main ». J'étais gêné, mais en même temps, j'étais content parce que je me disais cette nuit-là, j’allais dormir sous mes cartons. Mais le demain matin, avec ce billet, j’allais pouvoir m'acheter un titre de transport. Pendant un an, de novembre 2011 à décembre 2012, je fais du bénévolat pour l’Armée du Salut.

Un jour lors des fêtes de fin d’année, un restaurateur cherche un cuisinier pour le réveillon. Je me présente à l’entretien et ça se passe bien. Je commence à travailler et je fais des extras ce qui m’a permis de remonter la pente, financièrement.

Je viens du monde rural. J’ai été élevé dans une famille d’accueil où la priorité de ma mère adoptive était de nous nourrir. Nous étions cinq garçons et deux filles. Nous avions des animaux de ferme, et un jardin. J’aidais beaucoup en cuisine. J’ai appris le métier à l’école hôtelière Médéric avant d’avoir une expérience dans la marine à Tahiti. J’ai eu une expérience en Egypte, aux Antilles, en Suisse…

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Au cours de ma reconstruction, je me suis rendu compte que j’ai rencontré aussi d’autres gens qui avaient même des professions plus importantes, des cas de divorce, on peut être au sommet de l’échelle et puis se retrouver tout à fait dans la boue. Aujourd’hui je suis à la retraite et je consacre mon temps à des activités bénévoles, notamment en participant à la distribution des repas de l’Armée du Salut.

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Propos mis en forme par Mayore Lila Damji