Au cœur de la crise du Covid-19, « l’Armée du Salut représente un rayonnement spirituel » pour les plus fragiles

Publié le : 27 avril 2020
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L’Armée du Salut est mobilisée pour aider les plus vulnérables de notre société dans ce contexte de crise de santé publique. Responsable du poste (paroisse) de la Congrégation de l’Armée du Salut à Rouen (Seine-Maritime), le Lieutenant, Stéphane Gratas, relève la nécessité de mobiliser bénévoles et salariés pour aider les personnes « dans le corps, dans l’âme et l’esprit ».

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Stéphane Gratas
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Lieutenant au poste de la Congrégation de l'Armée du Salut à Rouen
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Avec les mesures de confinement, toute la France est fermée, comment le poste de la Congrégation de l’Armée du Salut à Rouen fait-il face à cette crise sanitaire ? 

Stéphane Gratas : Dès les premières heures du confinement, nous avons arrêté toutes nos activités cultuelles organisées habituellement dans le poste. Cette décision faisait écho aux consignes transmises par notre Chef de Territoire, le Colonel Daniel Naud, à tous les postes de l’Armée du Salut en France et en Belgique. 

Deux salariées ainsi qu’une équipe de 5 bénévoles restent mobilisés aujourd’hui pour assurer une mission sociale : l’aide alimentaire, avec le soutien précieux des salarié-e-s, des bénévoles et de mon épouse, Elodie Gratas, elle-même future officière. Toutes les autres activités sont suspendues ou du moins transférées ailleurs. Sur les téléphones ou le web.

Afin de mener à bien cette distribution alimentaire, nous avons dû nous organiser pour disposer de matériel de protection. Au début du confinement, un membre de la communauté du poste qui travaille dans le milieu hospitalier nous a permis de nous approvisionner en gels et gants. L’officière du poste du Havre, la Major Lucia Schmitter nous a fabriqués une dizaine de masques et une salariée du poste de Rouen en a également confectionnés. Le siège de l’Armée du Salut en France, basé à Paris, nous a livrés récemment des gels et une centaine de masques, que nous avons distribué à nos bénéficiaires. 

Les précaires invisibles

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Alors que l’épidémie circule, comment organisez-vous l’aide alimentaire ? 

S.G : Nous avons mis en place dans la cour du poste de Rouen un circuit en U où les bénéficiaires viennent récupérer les colis alimentaires, dans un grand respect des gestes barrières. De 15h15 à 17h30, tous les vendredis, nous assurons une distribution alimentaire. Nous aidons 70 familles par semaine, cela représente entre 150-180 personnes, dont des enfants, des personnes âgées et personnes isolées. Plusieurs personnes refusaient de venir de peur d’être contaminées, mais nous les avons rassurées lors des visites à domiciles, réalisées avec toutes les mesures de protection. 

Nous pouvons assurer l’aide alimentaire grâce à notre partenaire historique : la Banque alimentaire. Eric un salarié du poste et un bénévole se rendent, le vendredi matin, à bord de véhicules prêtés par la Mairie de Rouen pour collecter des fruits, des légumes et des invendus des grandes surfaces auprès du centre de la Banque alimentaire de Rouen. Nous sommes 30 organisations sur 80 qui assurent l’aide alimentaire sur Rouen et sa métropole.  

Nous retrouvons parmi les personnes qui sollicitent notre aide des femmes et des hommes isolés avec de faibles ressources, certains sont endettés et ne peuvent pas aujourd’hui s’acheter à manger. Ces personnes ont un logement, elles ne vivent pas dans l’extrême pauvreté. Ce sont les personnes qui subissent la précarité invisible. 

Très important le lien humain

Lors de la distribution alimentaire, nous fournissons aux bénéficiaires des attestations de déplacement, car elles n’ont pas d’imprimante chez elles et nous leur expliquons comment fonctionne sa version sur smartphone. 

Pour une quinzaine de personnes à risque qui ne peuvent pas sortir, un salarié va livrer, trois fois par semaine (mardi, mercredi et jeudi) des repas à leur domicile. Il s’assure également que ces dernières sont en bonne santé et écoute leurs demandes et besoins. Pour Pâques, nous leur avons apporté un colis contenant des chocolats et l’histoire de Pâques en bande-dessinée. Dans ce contexte de crise de santé publique, Il est très important de garder le lien humain. 

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Comment les temps spirituels et religieux sont assurés pendant la période de confinement ?

S.G : Nous organisons les cultes en vidéo sur la plateforme YouTube, tous les dimanches à 10 heures. Chaque membre du poste reçoit un lien où il ou elle peut ensuite participer au culte. J’ai créé un groupe Whatsapp, nommé Communauté de Rouen. Ce groupe répond à la notion d’être ensemble. Nous partageons des prières, nous prenons des nouvelles des personnes. Une membre du groupe a perdu son père, qui a été emporté par le Covid-19, et elle s’est sentie entourée quand elle l’a annoncé sur le groupe Whatsapp. Les réseaux sociaux nous permettent d’animer des temps de prière le mardi 18 heures à 19h30 et le jeudi de 21 heures à 22h30.

Une salariée du poste de Dieppe qui était déjà venue en renfort avant la crise sanitaire anime les activités de la Ligue du Foyer, qui est une communauté des femmes membres du poste de Rouen, sur la messagerie de Facebook, Messenger. Elle propose des activités culturelles, artistiques, et spirituelles Et elle appelle tous les jours les personnes membres de la Ligue. Ce groupe permet de rompre la solitude de ces dames dont l’âge varie entre 55 et 60 ans, et qui sont très isolées. 

Cette période de confinement nous fait voir la vie du poste et de sa communauté d’une autre manière. Un soldat du poste nous a partagés les mots suivants : « Depuis le confinement nous n’avons jamais été aussi proche ». 

 

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Nous représentons un rayonnement spirituel

Quelle est l’importance d’un poste de la Congrégation de l’Armée du Salut dans une ville comme Rouen, surtout dans un contexte de crise sanitaire ? 

S.G : Que personne ne soit oubliée ! C’est ce qui est important pour le poste de la Congrégation de l’Armée du Salut. Quand tout est fermé. Quand les gens sont refusés partout. Ils voient la porte de l’Armée du Salut ouverte, où ils peuvent bénéficier d’une aide qui prend en compte à la fois le corps, l’âme et l’esprit, dans le respect des règles de distanciations sociales. Nous représentons un rayonnement spirituel dans le lien que nous avons avec ces personnes. Nous sommes une source d’espérance.

Propos recueillis par Mayore LILA DAMJI