Dans une société de l’écrit, l’accès à la lecture est un sésame indispensable

Publié le : 7 novembre 2022
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Grande cause nationale 2021-2022, la question de l’accès à la lecture pour tous a suscité la constitution d’une Alliance à laquelle la Fondation de l’Armée du Salut a adhéré, et qui a organisé récemment des rencontres nationales à Strasbourg. Un point sur les enjeux de cette mobilisation avec Emmanuel Ollivier, directeur d’établissement et structures franciliennes de la Fondation.

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Alliance pour la lecture
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La lecture est une compétence qui s’acquiert, elle constitue également un droit essentiel

Comment expliquez-vous la participation de la Fondation de l’Armée du Salut à cette Alliance promouvant l’accès à la lecture pour tous, au côté de nombreux acteurs de l’édition, du Ministère de la culture, etc.?

Emmanuel Ollivier : Comme l’a souligné l’une des intervenantes des rencontres nationales pour le développement de la lecture, organisées par l’Alliance le 30 septembre dernier à Strasbourg, notre société est une société de l’écrit. Pour y avoir une place et être un.e citoyen.ne parmi les autres, l’accès à l’écriture et à la lecture est fondamental. Pour notre part, que faisons-nous, en tant qu’acteurs de la Fondation de l’Armée du Salut, si ce n’est soutenir celles et ceux que nous accompagnons pour (re)construire leur place dans cette société ? C’est pourquoi nous partageons pleinement les principes et objectifs de cette Alliance : comme l’affirme son manifeste, « si [la lecture] est une compétence qui s’acquiert, elle constitue également un droit essentiel au sens où il ouvre à tous les autres. » Pensons par exemple aux inégalités touchant directement les milliers de personnes en situation de précarité que la Fondation accueille chaque jour : sans l’accès à la lecture et à l’écriture, comment arriver chez un potentiel employeur avec un CV convainquant ? comment comprendre quels sont ses droits et en demander l’application ? comment reprendre confiance en soi en exprimant, à soi et aux autres, ses difficultés, ses besoins, ses projets ? C’est ce que pointe par exemple depuis plusieurs années le Défenseur des droits, en alertant sur l’aggravation des inégalités d’accès aux services publics dématérialisés. Et l’Alliance à laquelle nous participons s’est donné pour mission de sensibiliser le grand public à l’enjeu d’égal accès effectif de tous à la lecture et à tout ce qu’elle ouvre comme possibilités d’épanouissement et de choix de vie.

Quelles actions la Fondation mène-t-elle dans le domaine de l’accès à la lecture ?

E.O : Pour répondre, je préfère me limiter à ma propre expérience au sein de la Fondation de l’Armée du Salut, en tant que directeur de structures et services de l’inclusion sociale, depuis une vingtaine d’années. Et je formulerais une réponse qui pourra paraître provocatrice : dans notre travail social, la lecture est un non-sujet. Certes, nous travaillons sur des situations personnelles d’illettrisme, d’apprentissage du français langue étrangère (FLE), etc., et les établissements mobilisent leurs professionnels, bénévoles, et leurs réseaux partenariaux dans ce sens. Cependant, notre action repose trop souvent sur l’identification d’une carence, vue à travers le prisme exclusif de « l’utilité » de la compétence à « acquérir » pour réaliser les démarches nécessaires. Quid de l’objectif d’autonomie et de participation à la vie citoyenne des personnes en précarité, objectif pour lequel, comme je le disais, la maîtrise de la lecture est indispensable dans notre société ? Je n’ai pas souvenir qu’aucune politique publique n’ait fixé d’objectifs et dégagé de moyens dans ce domaine – pas plus que je n’ai jusqu’à aujourd’hui rencontré de laboratoires de recherche s’intéressant à la problématique de l’accès à la lecture pour les personnes en situation de précarité. Et sans parler de la dimension intime de la lecture, qui ouvre l’imaginaire et procure du plaisir.

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Contribuer à alerter, sensibiliser, mobiliser autour de l’enjeu de l’accès à la lecture

Quelles perspectives cette Alliance rassemblant une grande diversité de partenaires ouvre-t-elle pour l’action de la Fondation au service des personnes accueillies ?

E.O : Je reprendrai volontiers les propos de Sylvie Vassallo [coordinatrice de l’Alliance] lors de la clôture des rencontres du 30 septembre. La participation à l’Alliance pour la lecture représente une occasion pour prendre le temps et décloisonner : sortir des pensées en silos ; dépasser les segmentations de publics ou champs professionnels dans lesquels chaque acteur est engagé ; décloisonner les pratiques et les expériences, les champs et les lieux d'actions, les formations, décloisonner aussi les politiques publiques pour trouver des solutions communes plus efficientes, mieux coordonnées. Grâce à ce collectif, la Fondation pourra ainsi renforcer son réseau partenarial au service de ses actions, et contribuer à alerter, sensibiliser, mobiliser autour de l’enjeu de l’accès à la lecture – alors qu’en France, on compte 13 millions de personnes qui en sont, à un titre ou un autre, empêchées. C’est pourquoi, sans attendre, je recommande fortement d’aller écouter, voir et lire (!) les nombreux échanges et ressources partagés lors des rencontres de septembre dernier, qui sont (intelligemment) accessibles en ligne sur le site de l’Alliance : L' Alliance pour la lecture (ressources)

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Actualité