Handicapés mais désormais diplômés

Publié le : 1 octobre 2019
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A Artenay, près d’Orléans, 92 femmes et hommes présentant une déficience ou un handicap mental travaillent pourtant dans un établissement de l’Armée du Salut. Avec le temps, ils sont devenus de vrais professionnels en horticulture, entretien des espaces verts ou en sous-traitance industrielle. Des compétences qu’ils peuvent désormais voir reconnues grâce à une certification qui ouvre également les portes du marché de l’emploi traditionnel. 

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Il a 38 ans. Loïk  met son casque anti-bruit, sa visière, ses gants. La tondeuse fonctionne. Tout est prêt pour commencer la tonte des espaces verts du Château d’Auvilliers, cet établissement et service d’aide par le travail (ESAT) de l’Armée du Salut, dans le Loiret, à 27 km au nord d’Orléans. 

Ils sont plus de 80 salariés comme Loïk, hommes et femmes, à travailler dans les murs de l’Esat, dans un milieu protégé et adapté à leur handicap ou déficience. Certains travaillent même à l’extérieur du domaine. « J’aime bien travailler dans l’atelier espaces verts car je voudrais me spécialiser dans ce domaine », explique Loïk. « Les salariés spécialisés dans les espaces verts interviennent aussi dans les entreprises de la région ou les collectivités locales pour tondre leurs pelouses et planter des fleurs », souligne Marie-Dominique, la référente de Loïk.

Membre du dispositif national « Différent et Compétent », cet établissement de l’Armée du Salut offre à ses salariés la chance de développer leurs compétences et de les faire reconnaître par un certificat. « Différent et Compétent » est une démarche nationale. Un de ses principaux objectifs est de valoriser les compétences des personnes handicapées, en partenariat avec l'Education nationale et le Ministère de l'Agriculture. 

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L’exclusion sociale accentue davantage leur handicap

Ce dispositif implanté dans la région d’Orléans depuis maintenant dix ans permet aux salariés handicapés de construire leur parcours professionnel selon leur rythme. Chaque salarié a un emploi du temps sur mesure. « Ici, ils ont tous un point commun, c’est le handicap ou une déficience. Mais nous mettons l’accent sur leurs compétences et les potentiels du salarié, et non sur son handicap ou ses incapacités », affirme Dorothée, encadrante d’un salarié souffrant d’un léger handicap mental. 

Ces salariés « ont 10, 20, 30 ans de métier mais ils n’ont jamais obtenu de diplômes. Ils ont accumulé des compétences, des expériences mais ils n’ont pas de diplômes qui permettent de valider et certifier leurs compétences », rappelle Dominique. Une absence de reconnaissance qui constitue un vrai obstacle à l’accès à l’emploi traditionnel. Pour lever ces obstacles, l’établissement réalise donc un inventaire officiel des compétences, dans des conditions réelles de travail. 

« Préparer une commande de fleurs, tailler la pelouse d’une entreprise, assembler des pièces de voiture, nous valorisons et faisons ensuite reconnaître les compétences en préparant avec les salariés une reconnaissance de l'acquis de l'expérience (RAE) », précise Dorothée. Elle a accompagné Raphaël, 40 ans, dans la préparation de sa RAE en matière de sous-traitance industrielle, reconnaissance « qu’il a obtenu avec brio » fait-elle remarquer.

La reconnaissance des acquis de l'expérience permet de faire valoir les connaissances et l'expérience des travailleurs handicapés dans un domaine qu'ils maîtrisent, avec l'objectif de les aider à utiliser leur savoir-faire dans un autre milieu, notamment, en milieu professionnel ordinaire. Sous-traitance industrielle, espaces verts, restauration, floriculture… les domaines sont divers et variés. Reconnaître publiquement leurs compétences, c’est leur permettre de s'intégrer dans la société. Car l’exclusion sociale accentuerait davantage leur handicap. 

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