Ukraine: l’Armée du Salut au cœur de l’accueil des réfugiés à Paris

Publié le : 13 avril 2022
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Plusieurs centaines d'Ukrainiens fuyant la guerre sont reçus chaque jour dans une structure d’accueil déployée à Paris, avant d’être orientés dans toute la France. Des femmes, des enfants en bas âges sont accueillis par les bénévoles de l’Armée du Salut. Boissons chaudes, viennoiseries et repas sont distribuées : un moment de répit pour ces personnes qui ont fui les bombardements et la guerre. Reportage.

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Ces familles, couples et femmes seules ont dans leurs mains ou à leurs pieds ce qu’ils sont parvenus à emporter lors de leur fuite d’Ukraine : des valises, des sacs, des cartables. Des femmes inquiètes. Des hommes pensifs. Des enfants hagards. Tous attendent patiemment devant ce hall du Parc des expositions de la Porte de Versailles, dans le sud de Paris. « Thé », « Café », demande Jade en ukrainien. Bénévole pour l’Armée du Salut, elle vient deux fois par semaine sur le site d’« Accueil Ukraine » pour « aider ». Au total, 14 bénévoles de l’Armée du Salut épaulés par ceux de la Fabrique de la Solidarité (Ville de Paris) sont aux côtés de ces personnes forcées à l’exil. Nos bénévoles sont cette main tendue au milieu du chaos et la guerre. 

Petits-déjeuners, déjeuners, collation, nourriture pour bébé, produits d’hygiène pour adultes et enfants, l’Armée du Salut distribue, tous les jours, les produits de première nécessité aux personnes qui fuient la guerre en Ukraine. 

Tous les jours, plusieurs centaines de personnes viennent dans ce centre d’accueil : un lieu où les réfugiés peuvent lancer leurs démarches administratives pour rester en France, se restaurer et dormir avant d’être orientés vers une réelle solution d’hébergement.

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« Nous sommes épuisés »

Une fatigue générale se fait sentir. « Nous sommes épuisés », cède une jeune mère ukrainienne à une écoutante du Samusocial de Paris qui enregistre son dossier. Le voyage est long, compliqué – physiquement et moralement. Les professionnels du Samusocial de Paris collaborent étroitement avec les interprètes bénévoles de France terre d’Asile pour orienter les personnes et leur expliquer les démarches administratives à entreprendre. 

Dans la salle d’attente, se succèdent des rangées de chaises où sont assises des femmes ukrainiennes d’âges variés, le visage grave, le regard perdu, les yeux fixés sur l’écran de leur smartphone. Certaines n’ont pas osé quitter leur manteau, signe d’un état de transit perpétuel. 

« Je suis stressée. Je communique tous les jours au téléphone avec ma famille restée dans la banlieue de Kiev. Depuis que la guerre nous a frappés, j’ai des troubles du langage, je bégaie, je ne trouve plus mes mots pour verbaliser ce que je ressens. J’entends toujours aujourd’hui les bruits des bombes, des mitraillettes. J’ai besoin de voir un psychologue », raconte Sonia, 35 ans, qui a fui l’Ukraine avec sa fille, Julia, 7 ans.

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Traumatisme de la guerre

Ils sont nombreux comme Sonia à porter ce lourd traumatisme de la guerre. Des femmes, des familles, des enfants qui vivaient une vie paisible, des étudiants en architecture, des jeunes hommes qui rêvaient de devenir vétérinaire. Et qui aujourd’hui, ils sont jetés sur les chemins de l’exil et ils ne réalisent toujours pas ce qui leur arrive.

Ils arrivent sur le site de la Porte de Versailles à partir de 9 heures avec l’espoir qu’à 18 heures, ils sauront où dormir et se reposer. Le site « Accueil Ukraine » offre aux réfugiés la possibilité de rencontrer des équipes de la préfecture et de l’Ofii. Un rendez-vous qui permet de recueillir le souhait des personnes : rester en France ou rejoindre un autre pays d’Europe. Si la personne émet le souhait de rester en France, la « protection temporaire » lui est attribuée, qui l’autorise à séjourner sur le territoire français pour une durée de 6 mois. Sophia, 22 ans, a décidé de rester à Paris. « Mes parents m’ont dit de fuir la guerre. Avec mon amie, nous recherchons la protection de la France mais un jour nous repartirons en Ukraine », insiste celle qui était journaliste en Ukraine. 

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Des dessins qui racontent la nostalgie d’une vie paisible
et la douleur qu’a fait naître le conflit en Ukraine

L’attente entre le traitement des demandes de protection temporaire et l’orientation vers une autre ville de France peut être très longue – entre 4 et 5 heures. Des animations sont donc proposées aux enfants pour que les parents puissent souffler et se reposer. Avec l’appui des animateurs et bénévoles de la Fabrique de la Solidarité, l’Armée du Salut organise des concerts et des activités de loisirs. « Les enfants viennent vers nous et nous jouons avec eux. Des interprètes bénévoles nous aident à dialoguer avec les enfants. Notre objectif est d’apaiser les enfants qui ont vécu des expériences violentes liées à l’exil et la guerre », explique Sébastien, animateur à la Ville de Paris. 

« Merci pour ce que vous faites pour l’Ukraine » a écrit en anglais une adolescente sur une feuille laissée sur une table de l’espace enfant. Les messages de remerciement, les drapeaux de la France et de l’Ukraine côte à côte reviennent souvent sous le crayon des enfants. Des dessins qui racontent la nostalgie d’une vie paisible et la douleur qu’a fait naître le conflit en Ukraine. 

Valentina Camu, Valérie Vadot et Mayore Lila Damji

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Actualité